1939-1943 PDF Imprimer
La Guerre de 39-45

Les Juifs à Bompard

L'hôtel Bompard réquisitionné par la Préfecture des B du R accueille à la fin de l'année 1940 une centaine de femmes et enfants juifs chassés d'Europe centrale, les hommes étant détenus au camp des Milles. Ces femmes vivent à l'hôtel dans des conditions précaires, les enfants cependant vont à l'école. En août 1942, elles sont contraintes de rejoindre leurs maris aux Milles, certaines emmènent leurs enfants, d'autres, sur les conseils de l'agent préfectoral, les laissent à une association qui les aidera les à rallier l'Amérique.


Cet épisode douloureux est décrit dans un livre américain sur l'histoire des réfugiés et intégré dans deux romans.


The Hunted Children de Donald A Lowrie.
(Les enfants pourchassés)

Présentation du livre et de l'auteur.

L'auteur a travaillé pendant les deux guerres mondiales pour soulager la souffrance des réfugiés, des civils internés et des prisonniers de guerre à travers l'Europe.


Durant la dure période de 1940 où les Allemands avançaient vers Paris, un flot de réfugiés incomparable dans l'histoire fuyait sous le chaud soleil de juin jusque dans le Sud ; la France, fidèle à son idéal, accepta ce flot humain et quand la défaite arriva, le nombre des étrangers en France était 1/10 du total de la population.


Donald A Lowrie dans The Hunted Children raconte l'histoire non seulement de ces réfugiés mais aussi du courageux peuple engagé dans une œuvre de secours avec comme résultat une dizaine de milliers de vies sauvées. Les organisations travaillaient à sauver les sans secours des camps de concentration et d'adoucir le sort de ces internés. La vie était une ronde infernale d'efforts pour procurer des visa…contrefaire des passeports…faire passer en contrebande au-delà des frontières soldats et civils…cacher les réfugiés. Et il y avait des efforts particuliers en faveur des enfants, orphelins quand leurs parents étaient tués ou déportés vers l'Est par les Allemands, au temps de l'occupation totale de la France, quand héberger un Juif était un acte de trahison.


Texte de D A Lowrie traduit de l'anglais.

Le 13 août 1942,nous envoyâmes ce câble au quartier général de JOC à New York :
"3600 Juifs des camps d'internement de la France Libre ont été envoyés à l'Est, destination exacte inconnue. De nombreuses arrestations dans les hôtel de Bompard et de Levante à Marseille ; 200 femmes prises aux Milles vers la déportation. Les ordres touchaient les hommes et les femmes entre 18 et 65 ans. Des mères avaient choisi de prendre avec elles leurs enfants de plus de 5 ans ou de les laisser à des organisations de sauvetage…le quota exigé était de 10000, d'abord dans les camps, ensuite dans les groupes de travailleurs. Si ce quota n'était pas atteint, les arrestations auraient lieu dans les villes".

 

Dix jours plus tard ce que nous craignions depuis des mois se produisait. Nous savions que les Allemands avaient transporté des centaines de Juifs de la zone occupée vers une destination inconnue, mais c'était la première fois que les nazis étaient entrés dans des lieux  que eux et Pétain appelaient la France Libre.
    Paris-Soir expliquait que quatre mille juifs de la zone occupée et que le même nombre de la zone libre avaient été déportés à l'Est, comme une leçon aux juifs complices des terroristes et des adeptes du marché noir.

A Marseille, l'ensemble de ces raids dans les hôtels en août nous atteint avec une grande force. Les deux hôtels modestes, dont nous parlons dans notre câble étaient principalement occupés par des Juifs qui possédaient des moyens suffisants pour éviter l'internement dans des camps. Les malheureux étaient sortis de leurs lits à quatre heures du matin, ayant juste le temps de s'habiller, informés d'avoir à prendre une couverture et de la nourriture pour la journée. Conduits dans des camions jusqu'à la gare, jetés dans des wagons de marchandises jusqu'aux Milles. Ce qui arrivait là était terreur et douleur difficile à imaginer.

Des protestations du monde entier arrivèrent à Vichy. J'ai demandé un rendez-vous à Pétain, le résultat fut nul. Le vieux maréchal ne pouvait rien faire, totalement contré par Laval. La tirade de ce dernier contre les Juifs montrait qu'il approuvait les mesures atroces prises à leur égard."