Au bord de la Méditerranée. Sports et loisirs. |
Juin 2000 N° 8
Le Prophète tableau de L. Roberti employé municipal et peintre amateur vers 1900-1910. Des rochers abrupts plongeant dans la mer, sur lesquels serpente à mi-côte un sentier de douanier, quelques chemins rudes et tortueux reliant le terroir à la mer (Roucas Blanc, vallon de l'Oriol, vallon de la Fausse Monnaie), telle est la colline, paysage sauvage et fréquenté seulement par les chasseurs et les pêcheurs, jusqu'au milieu du XIX° siècle.
Vue cavalière de Marseille en 1574
Les document concernant la bordure maritime de la Garde sont très rares avant la construction de la Corniche (1863) ; il faut attendre l'invention de la carte postale illustrée (1898) pour que l'iconographie s'enrichisse, rendant notre promenade célèbre à travers le monde.
Dans le livre du cérémonial de la ville de Marseille
Entré triomphalement dans Marseille avec son carrosse et sa suite, le Roi Soleil s'est rendu au vallon de l'Auriol par la mer. Mais tous les détails de la partie de pêche qui nous intéresseraient aujourd'hui n'ont pas été inscrits dans le "cérémonial". On ignore donc tout de l'embarcation qui a transporté le roi et des personnages de la cour qui l'accompagnaient en mer : les princes de Beaufort et de Conti ? le duc d'Anjou ? le cardinal de Mazarin?
Au début du XX° siècle, villas et châteaux ont modifié le paysage terrestre autour du vallon tandis que sur mer se pratique toujours la pêche ; ces paisibles pêcheurs ignorent sûrement, dans ce décor d'opérette, que leur barque se balance doucement sur un site historique et qu'ils ont eu un prédécesseur célèbre... Louis XIV
LE CHEMIN DE CEINTURE
Le viaduc au-dessus de l'anse de la Fausse Monnaie.
Les travaux d'aménagement achevés en 1863, la route carrossable est vite fréquentée par les fiacres et les promeneurs.
Aujourd'hui comme hier les étrangers apprécient ce site pittoresque où "ils peuvent respirer à pleins poumons la brise si chère aux marseillais, recevoir les caresses de ce soleil d'hiver si chaud et si bienfaisant" (A. Saurel).
LA CORNICHE
Le rond-point de la Plage vers 1915.(photo C. Raffin)
Carte postale de 1905 En bas de la Baudille au début du siècle, une construction massive conserve en eau vive, les réserves de la célèbre maison marseillaise Basso (poissonnerie et restaurant). Abandonnée, attaquée par la mer ,elle disparaît ainsi que les deux cabanons voisins avec l'agrandissement de la Corniche. Depuis, les habitants du quartier aiment se retrouver sur les rochers ensoleillés de la petite crique et nagent avec volupté dans ses eaux couleur émeraude, loin de l'effervescence des plages.
LE PROPHÈTE
De nombreuses cartes postales montrent l'évolution de ce hameau de pêcheurs durant plus d'un siècle. Les barques de pêche qui trouvaient abri derrière la digue ont disparu, le petit pont a été emporté par une tempête et la flottille du yachting club a pris de l'importance, solidement amarrée sur une chape en béton. Les pittoresques petits cabanons marseillais ont cédé la place à d'austères constructions de béton, style clapier. Tout d'abord restaurant des "municipaux", l'un de ces bâtiments accueille les animations de la mairie du 7° arrondissement. La plage familiale où l'on se retrouvaient entre voisins et amis n'est plus qu'un souvenir ; désormais "animée" (agitée et bruyante !), elle génère cris et bruits qui montent durant tout l'été jusqu'à la crête Bompard.
Évolution du Prophète entre 1900 et 1965 Le Prophète au temps des cabanons
Mmes Deghilage et Chaillol et leurs enfants. Pendant la saison d'été, une délicieuse odeur s'échappe du cabanon de Mme Ferrari, déferle sur la petite plage, s'impose. Les baigneurs submergés ne résistent pas au pouvoir flottant de l'odeur. Il est près de midi, la baignade a creusé les appétits…grands et petits s'empressent d'acheter les cornets de papier gris remplis de frites chaudes.
Pétition en date du 2 juillet 1894, par laquelle Vincent Ardisson demande à être substitué au sieur Derbès dans l'emplacement qu'il occupe sur le domaine public de l'Etat, dans l'anse du Prophète, à Marseille. Vu l'engagement souscrit par le sus nommé de payer une redevance annuelle de trente quatre francs : ARRÊTONS
Jeux sur la plage en 1935 (photos sur plaques de Camille Raffin) Domaine des barques de pêche, la plage est peu à peu occupée par les baraques des petits commerces : pizzaïolo, location de périssoiresTEMPÊTE EN MÉDITERRANÉE Les cartes postales au début du XX° siècle ont fixé pour la postérité, des promeneurs en chapeau melon flânant sur la digue du Prophète. Mais aucun ancien du quartier ne se souvient du petit pont qui reliait alors la plage à la jetée, la fureur des vagues l'ayant un jour emporté, à l'aube du XX° siècle.
Les jours de tempête, elles passent par dessus le parapet, inondant la chaussée, arrosant piétons et véhicules. Les marseillais, bien qu'habitués, en sont toujours surpris.
PROJET INSOLITE En voici les raisons :
Dans ce bulletin d'avril 1950, est reproduite une lettre de la des Ports adressée au Ministre des Travaux Publics et des Transports, lui annonçant le déclassement du port du Prophète. " Je vous rappelle que le petit port du Prophète avait été construit de 1895 à 1898, aux frais du département des Bouches du Rhône et de la ville de Marseille, l'Etat n'étant pas intervenu dans le financement des travaux. A peine le port du Prophète était-il terminé qu'il apparut que l'exécution de la jetée avait modifié le régime de la plage naturelle de l'anse du Prophète. Cette plage s'engraissa immédiatement à l'intérieur du port. A la suite de nombreuses réclamations quelques travaux furent exécutés aux frais du département et de la ville pour remédier à la situation. Mais tous ces travaux demeurèrent finalement sans effet. Par ailleurs, en 1937, la jetée subit des dégâts très sérieux au cours de deux tempêtes violentes survenues les 19 et 26 janvier. Il a été estimé, à cette époque qu'il était inutile de s'obstiner à conserver un port à un endroit où tous les travaux entrepris depuis plus de 40 ans avaient complètement échoué. C'est pourquoi, sur la proposition de M. Gourret, directeur du Port de Marseille, le port du Prophète a été déclassé."
Gaston Defferre, élu du 7° arrondissement et amateur de voile soutient les clubs sportifs de la Corniche Emmanuel Fabre (bijoutier), X.., Yves Berges, président du Y C P, Gaston Defferre, maire et Louis Fabre, conseiller municipal, X..
Partie de boules sur la plage du Prophète pour les membres du Y. C. P.
Concours de pêche au Y. C. P. : le président Y. Bergès contrôle la pesée.
Organisées par le Y. C. P. les courses partent du Prophète.
LE SPORTING CLUB DE LA CORNICHE
Le vivier de la Réserve abandonné depuis plusieurs années pour cause d' insalubrité est transformé en bassin de natation les Dauphins.
INAUGURATION DE LA PISCINE
L'ambiance est familiale au "Club des Dauphins" : les membres, peu nombreux, nagent dans un simple bassin, disposent de quelques cabines en bois, mais peuvent déguster la délicieuse cuisine de Mme Granier : pieds paquets, daubes et autres spécialités marseillaises.
Les premières compétitions ont lieu dans la petite anse du vallon de l'Oriol. Les nageurs reçoivent les encouragements de parents et amis, regroupés sous une toile de tente, devant une foule de curieux massés le long de la Corniche.
Une foule tout aussi nombreuse assiste aux courses de kayaks, avant guerre. Passage devant le vivier Basso, vers 1930 (famille Castaldi-Poggiale) Les Dauphins en 1945 (photo M.T. Gallet).
Vue générale en 1965. La famille Amenc au bord de la piscine vers 1935. La piscine est un simple bassin, non couvert jusqu'en 1964, agrémenté de quelques cabines en bois, entouré par la roche calcaire. Les peintres amateurs ou professionnels, séduits par les paysages maritimes, immortalisent le charme rustique des cabanes de pêcheurs du Prophète ou la beauté sauvage des rochers abrupts frappés par les vagues, entre Endoume et le Prado. Piscine en plein air, puis couverte Un petit bâtiment que l'on remarque à peine sur les rochers en dessous de la villa Valmer, abrite pourtant l'observatoire de l'Institut Géographique National. Le "Marégraphe" a été crée en 1884 par le service des Ponts et Chaussées Maritimes, dans l'anse Calvo, sur proposition du Comité de Nivellement de la France. Depuis 1885, des instruments enregistrent là, les mouvements de la mer : ils ont permis de connaître le niveau moyen véritable de la Méditerranée. L'altitude 0 de la France est prise là et permet le calcul de toutes les cartes I G N de notre pays. Carreau de céramique découvert à l'entrée de la procure des Pères du Saint-Esprit, rue E Mein (faire pivoter l'image pour en découvrir la signification) Méconnaissable, notre côte enneigée avec la Méditerranée fumante (Le Prophète, en 1956) La villa Gaby en état de siège Cette image de la villa Gaby endormie sous la neige (1956) contraste avec celles de la page suivante : la villa et la Corniche sous haute surveillance comme pendant la guerre, en 1942-44.
1992 : police en état de siège, photographes à l'affût…
La Corniche dans une B D. aux éditions Dargaud : Condor, l'empire du Pacifique (Autheman et Rousseau) Le château d'If, la villa Le Rocher et Roche Blanche La montée Roubion La Corniche et le Prophète carte postale de 1908 Textes et documents photos, composition:
Monique Bonavia-Michelet. Documents Y.C.P. : Y. Bergès. Documents S.C.C. : E. Demech. Editeur : Association "La Butte Bompard" Juin 2000 Reproduction, même partielle non autorisée sans l'accord des auteurs. |