Guinguettes, bars, cinémas. Fêtes et animations |
La vie culturelle et artistique | ||
Octobre 1999 N° 5
Le Bien-Être, tableau appartenant à C. Crema "A la bonne femme"
En 2008, grâce à la ténacité de Louis Sambiasi et aux pinceaux de Richard Campana, la "bonne femme" a retrouvé des couleurs.
Ces établissements jouent le rôle de cabanon collectif, le dimanche, pour une grande partie de la population. Dès 1885, l'indicateur marseillais signale plusieurs restaurants et cafés sur la colline :
En 1990, quelques lettres témoignent encore de l'existence passée de La Terrasse : salle de bal et jeu de boules au 61 (actuel) du vallon de l'Oriol. Beaucoup d'anciens se souviennent de l'orgue de barbarie menant la danse sur la terrasse du café-épicerie, chez Besson, 1 rue Peyronnet. Les établissements en bord de mer perdurent jusqu'à l'agrandissement de la Corniche : le Bien-Etre, restaurant les pieds dans l'eau (en couverture).
Le Miramar, grand café restaurant et dancing très fréquenté le dimanche et sa façade en lattes vertes, comme certains cabanons du Prophète. Le Villepontoux, café-restaurant au-dessus de la plage du Prophète. Inoubliable pour son site et ses glaces !
SUR LA CORNICHE
Dans la crique de l'Oriol, un vivier à langoustes rappelle celui que Roubion utilisait au Pharo, dans l'Anse de la Réserve. Peut-être doit-on voir là le choix du nom "Réserve" à la place de "Palais de la Bouillabaisse" prévu initialement.
La terrasse avec vue panoramique sur la rade marseillaise se prête admirablement aux repas de noces et aux banquets. La pinède dans un cadre féerique…accueille parfois la fête paroissiale. Le vivier abandonné de la Réserve est transformé en club de foot par Emile Pelatan en 1936, puis club de natation. Dans l'anse de l'Oriol s'organisent diverses fêtes nautiques. Courses, joutes, concours de pêche…
Fête dans l'anse de l'Oriol. Elles sont organisées par les associations nautiques :
Le port du Prophète sert de cadre à des animations populaires. Les fêtes vénitiennes d'alors sont encore dans les mémoires des anciens.
La tarasque. Le train nautique construit en 1950 par les membres du YCP.
Le 15 octobre 1931, vallon de la Baudille. Inauguration du tennis. L'équipe féminine avec Jo Bonavia (2° en bas à gauche).
LES BARS
Visite électorale au bar tabac, place st Eugène, vers 1930 : Henri Tasso, maire de Marseille et Perlet, président du Conseil général (les "Messieurs" portent un chapeau, les autres la casquette)
L'Aurore d'Autran
Cette 1° année a lieu un concert au "Familial" (985 places), un gâteau des rois, une fête du mimosa : la branche coûte 2f pour les femmes et 3f pour les hommes. Le 25 octobre 1932, un concert est donné au cinéma Bompard, au profit des chômeurs. Le prix des places est de 3f et 4f,.la caisse est tenue par C. Raffin. 1935, période de crise : 400f sont distribués aux malheureux.
Le comité des fêtes (ici Rinaldi, D. André, Apoca, Nicolini, Mancini, M. Vintimilla) n'a pas d'activités entre 1939 et 1944, hormis une aide financière de 250 f apportée à 12 prisonniers de guerre, 5 déportés, 7 STO, 5 nécessiteux (total 2944 f ) et un versement de 1670f à la Maison du prisonnier (20 bd Bompard). Le 21 mars 1948, un don de 500f est fait à l'Ecole d'Infirmières coloniales, imp. Carle, dont tout le monde connaît le dévouement désintéressé pour les gens du quartier qui ont besoin de soins.
Fêtes du 14 juillet 1931
Le char de l'aubade gravit le bd Amédée Autran en fête Les 4 jours de fête s'achèvent avec la remise du drapeau.
Le comité des fêtes
Mr. Viotti, Estelle, Victor, Mme Viotti posent devant leur bar (photo C Raffin) Les femmes ne sont pas "membres" de l'Aurore d'Autran" et cela est naturel pour tous, même si elles participent à la vie du groupe. Après la guerre de 39-45, la société française évolue : les femmes obtiennent le droit de vote ; le conseil d'administration de l'Aurore ouvre la discussion sur l'admission de membres féminins.
A la réunion du C. I. Q. Endoume du 14 avril 1937 est mise en place l'organisation de l'élection de la plus belle marseillaise, prévue pour les fêtes du 1° mai, au cinéma Bompard. Mais trop peu de candidates se présentent et l'élection est annulée.
Le banquet annuel de la République Endoumoise se déroule dans la cour derrière le Bar Henri, rue Ste Eugénie, en 1933.
Au fond : Poggi, Gianni, Casi, Liégeois, Bonassi, Barsotti, Bayol, Mlle Barsotti<Au milieu : Louis Stamignani, Perlet, Rispoli, Tasso (maire de Marseille), Liégeois (maire d'Endoume), Rispoli fils, Mme Liégeois, Bonassi, Caillol, Bayol, Cini (propriétaire du bar), Mme Cini, X… Devant : Sconamiglio, Fissori, le boulanger, Callier, le beau-frère de Fissori. Dans le magasin de décoration, 14 bd Bompard, les murs conservent le style art-déco du Glacier-Bar. (enseigne photographié en 1989) Le Bar de la Renaissance est le siège d'une société musicale, les "Epongeurs" dont le drapeau comporte 2 éponges ! Le Bar de la Station est le siège de La Clique (ici vers 1930) et aussi de la République Endoumoise. L'Estudiantina, cercle mandoliniste dirigé par Marius Leporini.
LES JEUX DE BOULES
Les bars qui possèdent un bout de terrain accueillent les boulistes. Bar, 8 place st Eugène : la Boule Eugène présidée par Sèveran Bar Autran : la Boule Autranaise ainsi que le bar La Terrasse, le bar Le Petit Parisien, le bar le Platane, le cercle l'Avant-Garde.
Les boulistes du vallon de l'Oriol jouent sur le terrain devant la maison que louait l'artiste Silvain (à la place de l'actuel 249). Sur le Plateau Machard, les boulistes jouent dans une pinède ; les garçons les rejoignent en escaladant la falaise (depuis disparue sous l'immeuble, 81 bd Bompard).
Après la guerre de 14-18, le Dr Besson commémore le 14 juillet en tirant du canon depuis la terrasse de sa villa "Chrysanthème" en-bas de la traverse Chanot.
Le Vélo-Club-Corniche fête sa création en 1948 au vallon de l'Oriol. Aux côtes de M et Mme Degli, commerçants au vallon, le "Provençal" note la présence de : Argeo, Souchon, Dejeux, dirigeants du club M Jochmunsen, consul d'Islande, président d'honneur du VCC Gaston Defferre député-maire et M Lustac du "Provençal" Remy, Decanali (champion olympique), A Barbaroux, et Y Ulpat, les coureurs cyclistes. Dans la journée, les tables et les chaises du bar de l'Etoile s'étalent le long de la rue d'Endoume, près de la rue de l'Etoile, ex rue Guinot. Melchior Guinot, qui possédait de nombreuses parcelles sur la colline de la Garde, était aussi propriétaire de l'huilerie de l'Etoile.
La terrasse du bar de la Station , juste devant l'arrêt des tramways.
SUR LA COLLINE Le soir, et surtout l'été, la rue est occupée par les adultes : chacun sort sa chaise et son ouvrage pour prendre le frais et papoter sur le pas de la porte. Au bd M. Thomas, on fait une exception pour le 15 août. Ce jour-là, on fête la St Marius : les habitants qui se sont cotisés peuvent assister à un feu d'artifice, tiré depuis le coin de la Gavelière. Même une fois goudronnée, la rue reste le terrain de jeu des enfants : les fillettes y tracent des marelles, jouent à la balle au mur, sautent à la corde ou à chat perché. Elles ne sont dérangées, que par les carrioles des garçons, passant au milieu des cris et des rires. Elles sont admiratives et quelque peu envieuses, car la carriole est le domaine réservé des garçons : ils la construisent avec quelques planches, des roulements à bille et une corde fixée sur l'axe de direction et eux seuls dévalent les rues en pente.
LES CINÉMAS
Dans la cité phocéenne, la 1° projection de film a lieu le 6 mars 1896 ; en 1906 la ville compte 3 salles de projection et 32 en 1914. Un "cinématographe" fonctionne dès 1912 au 133 rue d'Endoume (propriétaire F. Granier). Construit en bois, il offre des bancs ou des chaises selon le prix de la place. En 1922, la 1° version des Mystères de Paris passe à l'Impérial Cinéma, propriétaires Eidel et Charvin jusqu'en 1946, puis Valayan jusqu'à 1966. 1924, R. Gallati ouvre le Familial Cinéma au 107 rue d'Endoume qui prend le nom de Palace Cinéma en 1940, puis de Forum en 1945.
Le Bompard (propriétaires L Maurel et J Chivalier) est construit en planches en 1927, puis en briques et enfin en véritable maçonnerie en 1931 (par l'entreprise Caillol). L'ambiance y est très familiale ; à l'entracte Angèle Chaillol (de 1939 à 1964) propose glaces et bonbons à déguster pendant que les "réclames" occupent l'écran.
Le Bompard et le Familial accueillent entre 1931 et 1954, fêtes et concerts organisés par l'Aurore d'Autran au profit des enfants, des nécessiteux, des chômeurs avec la participation de Fernandel, d'Yves Montand ou de Reda Caire. En 1971, les enfants de la maternelle "la Gavelière " sont témoins de la fin d'un cinéma de quartier : le Bompard ; ils l'écrivent dans leur journal. "En venant à l'école j'ai vu la pelle qui cassait le cinéma…on enlevait les sièges et on les mettait sur un gros camion…" Le Théâtre Silvain : ce site mythique pour tous les Marseillais, tient particulièrement au cœur de tous les habitants de la colline pour plusieurs raisons : le site, l'amour des opéras et opérettes, et les deux personnages créateurs du théâtre D Piazza et Silvain.
Dominique Piazza, inventeur de la carte postale illustrée, fondateur de la Sté des Excurs marseillais, habite rue Nicolais. Il se promène avec l'artiste Silvain lorsque tous deux sont surpris par l'acoustique extraordinaire du vallon de la Fausse Monnaie (les voix des joueurs de boules montent à eux distinctement). D Piazza achète le terrain et crée le théâtre. Silvain participe à l'inauguration le 14 juillet 1923.
On ne peut parler des fêtes du quartier sans évoquer le "danseur mondain", Adolphe Roux, enveloppé dans une vaste cape, jouant l'oiseau blessé, mimant, chantant, ici comme "en ville" dans les cafés.
Les anciens évoquent aussi la chouette dominant l'entrée du domicile de Mme Roux mère, cartomancienne, et qui effrayait tous les pitchoun passant sur le plateau de l'Arlequin.
Le drapeau de l'Aurore d'Autran photo Robert Maturo Textes et documents photo, composition : Monique Bonavia-Michelet Editeur : Association "La Butte Bompard" Octobre 1999 Reproduction, même partielle non autorisée sans l'accord des auteurs. |