Une enfant du quartier Imprimer

 

 

C'est en avril 1956 à la sortie de cet hiver rigoureux  (voir publications n°9 "Images d'hier et d'aujourd'hui") que je suis née.

Ma famille habitait au 35 bd Marius Thomas, une ancienne maison bourgeoise avec ses 3 grandes ouvertures et son perron donnant sur un petit jardin où trônait un murier-platane. Son toit-terrasse était orné de balustres fabriqués dans le quartier (src : Monique Bonavia-Michelet).

Les Balocco n'étaient pourtant pas riches; c'étaient des immigrés italiens d'Itri dans la région de Latium pour ma grand-mère et du Piémont pour mon grand-père.

Ma grand-mère (à droite sur la photo ci-dessus) était née à Marseille; c'est sa mère (au centre) qui avait immigré avec son mari qui est mort peu de temps après de la syphilis (!), la laissant avec 3 enfants.

Mais ces femmes étaient courageuses et robustes ! Elle fut d'abord "porteris" sur le port de Marseille alors en plein essor, elle déchargeait les marchandises des bateaux à l'aide d'un panier posé sur sa tête (voir "Vieux Port, débarquement des oranges", carte postale).

Sans doute Mme Delbove, mon arrière-grand-mère, était-elle débrouillarde car elle grimpa dans l'échelle sociale et devint poissonnière ambulante (j'ai encore sa balancette) dans le quartier du Panier où elle vivait. C'est certainement la destruction des 1500 immeubles par les allemands en 1943 qui a chassé la famille Delbove des petites rues du vieux quartier du port (voir "La rafle du port", Wikipédia).

Et comme beaucoup d'italiens de cette époque, ils se retrouvent à... Samatan.

Ma grand-mère Françoise Delbove qui a bien sûr quitté l'école très tôt (elle rentre à l'usine des chocolats Meunier à 11ans) s'éprend  de mon grand-père Louis Balocco et l'épouse. Louis fera partie des premiers chauffeurs de "taxi à moteur". Son habitacle était peu protégé et il était obligé de se changer plusieurs fois les jours de pluie (souvenir de ma grand-mère).

Ils ont 3 enfants, 2 filles et un garçon. Leur maison est modeste et trop petite...

Mais ma grand-mère n'est pas à court d'idées. Elle a repéré dans le quartier d'Endoume une vieille femme appelée "la mère Bouvachon", qui vit seule dans une grande maison bd Marius Thomas. Ma grand-mère lui fera une approche discrète et assidue, tant et si bien que la mère Bouvachon lui laissera sa maison en viager et qu'elle décédera peu après.

 


Ma mère et moi.

 

Mes parents se marient et n'ont pas d'argent (ils gagnent avec leurs 2 salaires réunis 300fr par mois). Mes grand-parents leur proposent d'aménager le sous-sol de la grande maison en petit 2 pièces.

Peu de confort mais quel terrain d'aventure ! Je galopais avec mon cousin de la cave au toit-terrasse en passant par le jardin, le garage et la courette à l'arrière.

Et bien sûr, je vais à l'école de la Gavelière.

 

 1961-62
La 3ème au 2ème rang en partant du haut à droite.
Mon cousin y est aussi (4ème au 3ème rang en partant du haut à gauche). 
 
 

 

J'aurai pu déjà rencontrer Monique Bonavia-Michelet : elle a été directrice de cette école à partir de 64.

Mais mes parents, ma sœur et moi avions déménagé...

Bien plus tard, je suis revenue vivre dans ce quartier et c'est par hasard, sans connaître mon histoire, que Monique me demande de faire ce site sur la Butte Bompard.

Quelle plongée dans mon enfance et les souvenirs de ma famille ! Merci Monique !

 

Patricia Guillaume
responsable Artotem, projets multimédia
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