Campagnes et rocailles |
La vie autrefois |
Octobre 1999 N°4
Le village d'Allauch Rocaille, bd Bompard
ARCHITECTURE La "campagne" ne se différencie du cabanon que par l'étendue de la propriété l'entourant. En effet, ce mot doit son origine à la langue provençale : campagno y désigne une maison au milieu de terres cultivées. La petite construction originelle une fois agrandie est appelée modestement "campagne" par ses habitants. Assez hautaine, selon G H Gimmig, pourvue de grandes terrasses à balustres, de portes et fenêtres ornées de sculptures, de kiosques, tourelles et bassins, elle est appelée plus pompeusement "château" par le voisinage. En aucun cas le terme de bastide n'est utilisé ici, comme cela se pratique dans d'autres coins de notre terroir.
Cette porte cochère a laissé passer de nombreux fiacres, traverse Pey, au temps où de somptueuses fêtes se déroulaient à la villa, dans un décor d'opérette.
La belle porte d'entrée de la villa Rose, bd Bompard.
NOMS DES VILLAS
Les amateurs d'histoire de France : Alsace-Lorraine, la Marseillaise ou de religion : St Vincent, Jeanne d'arc, Assomption, Providence, Pieuse, Stella Marie ou de l'antiquité Isis, Hélios.
La mer est leur plaisir : Naïades, Eden, Valmer, Le Rocher, La Vague.
Belvédères, tourelles, toits-terrasses sont indispensables sur la colline pour jouir au mieux de la vue sur la mer. Quelques négociants, plus pratiques qu'esthètes, y guettent l'arrivée de leurs navires chargés de précieuses cargaisons. "Cette terrasse, c'était un peu la vigie vers la haute mer ; et c'est grâce à elle que je pouvais dire chaque jour : "tiens, voilà le courrier d'Alger" ou suivre, une fois par semaine, l'énorme paquebot blanc, qui partait vers l'Extrême-Orient, et le Japon lointain." G H Gimmig. La Maison Assassinée. Le style chalet est fantaisie architecturale que l'on rencontre dans plusieurs constructions fin 19° sur la colline de la Garde. Si très peu de statues mariales ornent encore les façades du quartier, on voit cependant ça et là les socles vides de statues ayant été disparu. Curieux mélange de styles, traverse Pey : une frise "chalet" et des fenêtres ogivales sur une tourelle. BALUSTRES ET BALUSTRADES Les balustres, petites colonnades (italiennes à l'origine) doivent leur nom au renflement qui les fait ressembler à une fleur de grenadier sauvage. Elles forment des balustrades très usitées sur notre colline.
En 1912, Henry Anastay, pharmacien rue de l'Arbre, achète une petite villa, vallon de l'Oriol. (L'aile droite a été rajoutée ultérieurement).
LA CAMPAGNE GAMBIE Charles Auguste Verminck acquiert 12 lots situés entre la rue d'Endoume, la rue Vagué à la Mar et le Bd Bompard entre 1860 et 1874. En 1908, la grande maison est louée au consul d'Allemagne; la petite maison attenante ainsi que toutes les plantes notées dans l'inventaire font parti du bail consenti au jardinier Cornand. Ces 2 maisons, l'ancienne gendarmerie et le terrain attenant sont vendus en 1914, au décès de C. Verminck, par adjudication à Léon Charve, doyen honoraire de la faculté des sciences. En 1997, ultime morcellement d'une campagne où, paraît-il, le roi d'Espagne, Charles IV, exilé à Mazargues, venait chasser entre 1808 et 1812. On raconte encore que le petit pavillon de chasse (agrandi par la suite) abrita ses amours secrètes. Les nombreux arbres de la Gambie La Gambie : l'entrée La serre transformée en appartement (1989)
De la propriété "Les Noisetiers", il ne reste que la grande bâtisse connue sous le nom de "gendarmerie". Elle dégringolait jusqu'au bas du bd A. Autran où se trouvait son portail d'entrée (au niveau du Petit Casino). Puis le terrain a été loti… En 1942, la maison a été réquisitionnée par l'armée allemande, et en 1945 abrita la Gendarmerie nationale.
De l'autre côté du boulevard, la Présidente, campagne des blanchisseuses, laissa place à une quantité de petites maisons laides ou prétentieuses selon G. H. Gimmig, puis à des immeubles. Dans la rue Ste Eugénie, on se souvient de l'entrée des fiacres et des magnolias du "château" Labara. Dans les 4 contours, deux "châteaux" : celui des Grafeuille au 88 et un autre au 69. Les deux villas que l'on voit sur cette carte postale ont disparu lors de l'élargissement de la Corniche et la démolition de la Réserve.
La villa au 1° plan est intéressante pour son style. Elle a été démolie, mais on trouve encore sur la colline de la Garde, des bâtisses présentant une architecture voisine. De forme cubique, ceintes d'un bandeau en ardoises grises, elles ont été vraisemblablement voulues lourdes et austères par des propriétaires aisés, ne désirant pas s'intégrer au gai désordre des cabanons voisins accrochés au flan de la colline.
LA VILLA VALMER
En 1940, la villa fut réquisitionnée par la Kriegsmarine, puis elle abrita l'école de la Marine Marchande, de 1945 à 1965. Depuis 1975, les services de l'Urbanisme de la ville occupent les lieux : si les chambres et la chapelle sont devenues des locaux administratifs, le grand escalier et les pièces de réception conservent leur style pompéien et le parc, bien entretenu, est une agréable promenade avec une vue magnifique sur la rade et les îles. LA VILLA GABY Le terrain, en bordure de la Corniche, a été acheté tout d'abord par Houille de la Chesnaye. Le banquier Léon Bonasse y fait bâtir la villa "Lafont". L'industriel J B Rubaudo, propriétaire jusqu'en 1918, cède la villa dite "Maud" à Gabrielle Caire (nom d'artiste de Gaby Deslys). La serre de la villa Maud Née à Marseille, en 1881, cette artiste de music-hall monte à Paris pour faire carrière. Elle y rencontre en 1909 le roi du Portugal, Manuel, qui la couvre de ses largesses. En 1911, la chanteuse s'envole pour les USA où elle accroît sa réputation internationale. Sa liaison avec le danseur Harry Pilcer durera malgré les scandales, jusqu'à sa mort (1920). Par testament, elle lègue sa villa à la Ville de Marseille afin d'en faire un hôpital. La villa en hommage à la légatrice s'appelle "Gaby".
PETITE HISTOIRE D'UNE MAISON
Textes et documemts photo, composition : Monique Bonavia-Michelet
Éditeur : "La Butte Bompard"
La campagne Bec Photo C. Raffin - 1915 Reproduction, même partielle non autorisée sans l'autorisation des auteurs.
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